tenia Petit utilisateur
Messages : 91 Date d'inscription : 01/06/2008 Age : 37 Localisation : Lille, Metz, Los Angeles
| Sujet: A bout portant - Don Siegel Dim 1 Juin - 14:30 | |
| Remake autrement plus axé 'policier brutal 60's', annonçant les futurs Charles Bronson et autres Inspecteur Harry (du même Don Siegel d'ailleurs), A bout portant est un tout autre point de vue de la nouvelle d'Hemingway. Partant du même point de départ, avec ses deux tueurs patibulaires, mais au bon mot, recherchant leur cible pour le tuer sans poser une seule question, Don Siegel change plusieurs points qui composait l'adaptation de Siodmak. Conservant la narration en flash-backs, on passe ici d'un N&B racé à des couleurs sèches, tournées à la base pour la TV, ce qui ressent parfois du point de vue de la mise en scène, malgré quelques très bonnes choses. La boxe, sport en vogue dans les années 40, est aussi délaissée au profit de la course automobile, beaucoup plus hype dans les années 60. Mais, au-delà de cette sombre histoire se cache le tableau d'un ancien sportif, déchu et résigné, suite à l'arrivée d'une groupie vénale, feignant l'amour pour le profit. A ce jeu, John Cassavetes s'en tire avec les honneurs, mais pas autant que Lee Marvin, campant ici un tueur économe dans ses gestes et ses mots, mais pas dans ses réflexions. Quant à l'apparition de Ronald Reagan en milieu de métrage, elle est l'occasion nostalgique de se souvenir qu'il n'était, après tout, pas si mauvais acteur. Cependant, la violence sèche, bien que souvent hors-champ, rend l'oeuvre beaucoup plus brutale, et les deux tueurs beaucoup moins attachants. S'achevant sur un final aussi prévisible qu'en fait inévitable, A bout portant en profite aussi pour faire la morale à l'Amérique bien pensante, alors habituée à se délecter d'une violence justifiée, violence ici abandonnée à la gratuité la plus totale. Dès le début, en s'attaquant à une secrétaire aveugle, Don Siegel montre de quoi la vraie violence est faite. Il n'y en existe pas de bonne ou de mauvaise: elle est, par définition, douloureuse et inutile. Un point qu'il serait actuellement parfois bon de rappeler. | |
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